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Perestroika 2018


Le cinéma soviétique fut à la fois un des grands bénéficiaires mais aussi un des acteurs de la Perestroïka (restructuration), le mouvement de réformes initié par Mikhaïl Gorbatchev en mars 1985.

Hasard du calendrier, le 5è congrès de l’Union des cinéastes était convoqué au Kremlin en mai 1986, quelques semaines après le congrès du Parti communiste (février 1986) où fut lancé le slogan de la Glasnost’ (transparence) qui allait permettre de lever les tabous de l’idéologie soviétique. En remplaçant l’ancienne direction de l’Union par un groupe de cinéastes plus jeunes et ouverts au vent de réformes, avec à leur tête Elem Klimov, les délégués à ce congrès ouvrirent deux champs de bataille qui s’avèreront particulièrement féconds.

La nouvelle direction créa très vite une commission chargée de visionner l’intégralité des films placés « sur les étagères » (c’est-à-dire interdits de distribution) par la censure. A partir de l’été 1986, le public soviétique puis mondial put enfin découvrir des dizaines de films censurés dont des oeuvres majeures de Kontchalovski (Le Bonheur d’Assia), Guerman (Vérification sur la route), Mouratova (Longs adieux), Sokourov (La Voix solitaire de l’homme) ou, après quelques péripéties, Askoldov (La Commissaire).

Dans le même temps, le vent de transparence porté par la Perestroïka allait permettre à de nombreux cinéastes de briser les carcans du réalisme socialiste et de l’idéologie conservatrice qui régnait en maître dans les studios. Dans toutes les républiques de l’URSS, on tourna des oeuvres testant les limites de cette nouvelle liberté de création dans des domaines aussi divers que le retour sur l’histoire du pays, la religion, le sexe ou tout simplement les relations sociales et personnelles revisitées en dehors du cadre rigide établi précédemment par le tout puissant Goskino (le ministère du cinéma). Cette ouverture permit en outre de multiplier les co-productions avec des pays étrangers, en particulier l’Allemagne et la France où une commission spéciale du CNC facilitera la production de plusieurs films de Lounguine, de Todorovski ou de Kanevski.

C’est une sélection de ces nouveaux films que nous vous présentons, autour de l’oeuvre majeure de Tenguiz Abouladzé (Le Repentir) tournée en 1984 et qui allait devenir le symbole de ce nouvel élan. Et le responsable de la commission chargée de réexaminer les films censurés, Andreï Plakhov, sera avec nous pour présenter notre sélection au Christine 21.

Historien et géographe
Jean Radvanyi

 

BOUGE PAS, MEURS ET RESSUSCITE - ЗАМРИ-УМРИ-ВОСКРЕСНИ -  1989 - Studio Lenfilm - N&B - 105'
LA PETITE VERA - МАЛЕНЬКАЯ ВЕРА - 1988 - Studio Gorki - Couleurs - 135'
LA VILLE ZERO - ГОРОД ЗЕРО - 1988 - Mosfilm - Couleur - 103’
LA VOIX SOLITAIRE DE L’HOMME - ОДИНОКИЙ ГОЛОС ЧЕЛОВЕКА - 1978-1987 - Studio Lenfilm - N&B et Couleurs - 116'
LE REPENTIR - ПОКАЯНИЕ - 1984 - Studio Grouzia-Film (Géorgie) - Couleurs - 153' - ( Version géorgienne )
LE SYNDROME ASTHÉNIQUE - АСТЕНИЧЕСКИЙ СИНДРОМ - 1989 - Studio Odessa - N&B et couleurs - 153'
LETTRES D’UN HOMME MORT - ПИСЬМА МЕРТВОГО ЧЕЛОВЕКА - 1986 - Studio Lenfilm - Couleurs - 88'
L’ÉTÉ FROID DE 1953 - ХОЛОДНОЕ ЛЕТО ПЯТЬДЕСЯТ ТРЕТЬЕГО - 1988- Studio Mosfilm - Couleurs - 102'